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Agroécologie et Sécurité Alimentaire

Point. Algérie Sécurité Alimentaire

Algérie Sécurité Alimentaire ; l’Urgence et l’Avenir.

Il est évident qu’une question aussi essentielle ne peut être clôturée en ces quelques lignes, mais on peut essayer de pointer ses déterminants majeurs.

Connaitre nos urgences c’est savoir où nous en sommes, d’où la nécessité de faire une approche de l’état des lieux .On se retrouve aujourd’hui avec un secteur agricole qui arrive tout juste à nourrir le quart de la population, c’est à dire une dizaine de millions de personnes, puisque 75% des calories alimentaires consommées sont importées. Aujourd’hui pour  plus de 30 millions d’algériens, le recours aux importations est  devenu vital. Cette situation est totalement inadmissible, puisque ceci veut dire que le secteur agricole avec les moyens (électricité, mécanisation forages, routes…) dont il dispose  aujourd’hui, est moins performants que celui de 1962. Ce dernier quasiment indépendant en intrants, notamment en semences, aurait pu produire aisément  pour les besoins des 10 millions d’habitants de ces années là (si ce n’était la politique coloniale….).  Alors qu’il n’en est pas capable aujourd’hui.

Ce graphe illustre parfaitement le fossé existant entre la situation où le pays se trouve par rapport à celle où il devrait se situer, pour atteindre le point d’équilibre. On voit que pour l’Algérie, il faudrait soit réduire la population à un peu plus de 9 millions d’habitants, ce qui n’est pas

envisageable.

Donc l’urgence consistera, à s’atteler à se fixer comme objectif minimal, de quadrupler la bioproductivité, ce qui est loin d’être gagné. La réduction du niveau de vie, ou de l’empreinte écologique, qui devra l’accompagner sera elle aussi inévitable. Arriver à produire pour 30 millions d’habitants n’est pas aisé, c’est l’équivalent de la population de tout un pays. Il faudra tenir compte du fait que les cycles biologiques sont lents (plus lents que les cycles industriels), leurs rythmes…, obéissent à des paramètres que l’homme ne peut que partiellement contrôler ou prévoir (cycle saisonnier, météo…), cela pour dire que la tâche qui attend,  ne va pas s’exécuter dans l’aléatoire, et qu’elle sera très ardue.

L’autre inquiétude vient de ce que l’écart entre les besoins alimentaires de la population, et la production ne cesse de s’agrandir.

 La faille alimentaire est en croissance, autrement dit le niveau de dépendance alimentaire ne fait qu’augmenter.

A la suite de ce bref constat, nous comprenons que l’urgence pour l’algérien, est en premier lieu, d’arriver à se nourrir de son territoire, acquérir un minimum de souveraineté alimentaire et de sorte à réduire au maximum  sa dépendance.

Se projeter dans le futur, commence par un état des lieux, pour déterminer les atouts, les contraintes, …, arriver à prioriser les actions à mener, toujours dans une vision de prospective.

Les peuples ont du apprendre, à travers des domestications successives, qui ont fait en quelque sorte leur évolution,  à maitriser au mieux le potentiel écosystèmique dans lequel ils sont. Dans le cas contraire ils sont contraints à quitter leur territoire, ou à l’extrapoler, si non ils finissent par disparaitre. A priori tous les territoires ont un potentiel, s’en sortir c’est le connaitre suffisamment  bien pour arriver à en vivre correctement et durablement.

On ne peut concevoir le chantier Algérie, sur la base des atouts du siècle passé, nous ne sommes plus à l’aire de l’abondance de ressources. Il est impératif d’intégrer dans une démarche de développement, le boom démographique, l’amenuisement des énergies carbonées avec comme conséquences une transition énergétique imposée, les contraintes du réchauffement climatique,…

Depuis déjà plusieurs décennies, la littérature scientifique, les articles de journaux, les publications de chercheurs,…, ainsi que les résultats aussi bien économiques, sociaux qu’environnementaux, ne nous permettent plus de douter que l’agriculture industrielle censée répondre aux besoins alimentaire des populations, n’est plus le choix vers lequel on doit tendre, bien au contraire. La crise écologique à laquelle elle a fortement contribué, nous en subissons les conséquences. Nous voilà confrontés à l’érosion biologique, la perte de la fertilité des sols, les chutes de rendement…, qui mettent le système alimentaire dans une impasse.

Suite à la chute du bloc de l’Est, donc depuis 1990, Cuba s’est trouvé projeté dans une crise multidimensionnelle mettant les cubains devant le péril de la famine.  A l’échelle d’une nation (à moindre échelle, le Bhoutan, Detroit,…), ce pays peut montrer que ce sont les techniques agroécologiques, qui ont éloigné le spectre de la famine en permettant aux  habitants d’assurer une part importante de leur alimentation, avec sobriété, et de permettre une certaine sécurité alimentaire.

Dans le patrimoine algérien, les oasis séculaires voire millénaires du Sahara, dont la bioproductivité dépasse aisément les 60 t/ha, sont des exemples qui s’étalent devant nous en véritable leçon d’agroécologie. Un gisement  unique d’expériences  vivantes, sources d’inspirations devant être exploitées. Il est largement prouvé que seules les techniques agroécologiques permettent de décupler la bioproductivité (agricole) de façon durable. D’autre part, il semble que dans tous les cas de figure il y ait intérêt à opter pour une politique alimentaire  qui évite de produire 1 calorie alimentaire avec en moyenne 10 calories fossiles (USA ; 16 calories fossiles) comme c’est le cas pour l’agriculture industrielle.

Les outils techniques, ainsi que le niveau de connaissance actuel, qui devraient permettre de faire un pas vers la sécurité alimentaire existent. Ils sont alimentés par une vision du XXIe siècle, qui intègre dans le développement les capacités porteuses des facteurs environnementaux, le développement humain et la promotion sociale, ainsi que la viabilité économique. Il suffit de fixer des objectifs clairs et précis et de tracer les chemins d’accès techniques, cherchant l’optimisation, l’efficacité…, mais qui soient cohérents, réalistes et pragmatiques.

Sofiane Benadjila, Ing Agro (ENSA).

Consultant Indépendant. Militant pour les Droits à  l’Alimentation.

sofbenadjila@hotmail.fr.

 

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